Le changement le plus marquant a été le passage chez l’opérateur Agrume. Z’imaginez pas le boulot que ça demande ! Le travail de folie, l’arrachage de cheveux et de respiration apnéique que ça a généré. Comme dans toute société bien ISO-notée, il a fallu suivre la reine-procédure, recenser l’existant, définir les besoins, passer la commande et installer le produit...

C’est donc à 4 pattes sous les bureaux, que nous avons répertorié toutes les lignes, reliées à tous les téléphones, de tous nos bureaux. Au bilan, nous avons donc recensé des téléphones pas reliés, des lignes sans téléphone, des fax sur des lignes internet, des appareils numériques sur des lignes analogiques, des appareils analogiques sur des lignes numérique, des sans-fils sur des fils, des avec-fils sans fil et même retrouvé des numéros oubliés, un beau bazar qu’il a fallu trier.
Une fois, consciencieusement arpenté le moindre centimètre carré de plinthes et compté toutes broches occupées ou non, il a fallu tout bien expliquer à M. Agrume, ce qu’on voulait de trucs et de machins, avec le volume, le son, les rallonges, les avec, les sans, les reliés, les tous-seuls…. Pour ne plus se mélanger les pinceaux, tout a été bien écrit, revérifié, recompté, tout bien trié dans des jolies cases de très beaux tableaux et j’y gagnais un standard tout neuf et le logiciel pour aller avec.
Après au moins 4 semaines d’efforts et de brain-storming, la commande a été passée. Le coup était sûr, les cases vérifiées, le compte était bon.
Un mardi, à 10 h 45 dans une camionnette agrume, sort un monsieur Clémentine des cartons sous le bras en uniforme gris un peu chafouin, pas trop net sous les bras et au col un peu coloré, qui vient me dire « j’suis l’installateur agrume, j’vin vérifier l’autocom »… Chouette, enfin on allait avoir un standard digne de ce nom… Je le précède dans le saint local, et mon nez me chatouille un brin, je me dis « oups, ça sent le renfermé cette pièce ». Je le laisse s’installer et retourne à mon ouvrage. 11 h 15 M. Clémentine repart, en me disant « A demain » « meuh, ben euh, vous avez donc fini? » « Non pas tout à fait, de toute façon, j’suis là jusqu’à jeudi, y’a le temps de faire les choses… » In petto, chez Agrume sont pas pressés de se mettre à bosser… Soit, je m’en vais refermer la salle et là là là, c’est pire que le renfermé que ça sent, on dirait comme une odeur de fromage pourri ? De chaussettes oubliées ? Le tout mélangé ? Je ne peux pas laisser la fenêtre ouverte, mais bigre, ça en aurait bien besoin. Ca m’a mis la puce au nez…

Nous voilà jeudi midi, depuis le matin je sens qu’il va me falloir du courage, il faut qu’il installe le standard, mon standard et qu’il m’explique son fonctionnement. J’appréhende, je négocie encore quelques instants. Je feinte, j’esquive, il faudrait qu’il m’explique de loin, sinon je n’y survivrai pas ! Les collèges m’ont expliqué, la technique mise en place, technique respiratoire dite du poisson rouge : respirer par la bouche ! Moi qui me réjouissait tant de recevoir un matériel neuf, j’en viens à regretter ce téléphone qui grésillait si agréablement à mon nez...
Et le voilà, son tee-shirt du lundi dépassant de son pantalon, son col tout noirci et mon nouveau standard sous le bras. Pendant deux heures, je suis au bord de la nausée, je bois moults verres d’eau, je cherche le moindre échappatoire, je profite de la moindre photocopie, je n’en peux plus... Je me sens défaillir, je vais mourir asphyxiée à cause d’un téléphone ! Mon patron passe, me sourit l’air contrit, et me dit « Demain je t’emmène déjeuner en terrasse »...
Me faudra bien ça hein, mon patron, me faudra bien ça pour te pardonner de m’avoir fait offert un nouveau téléphone que je ne peux pas dissocier de l’odeur de chaussette trouée...
Vous pouvez retrouver la standardiste ici
N'oubliez pas, vous pouvez vous aussi nous envoyer vos contributions sur unboulotpresqueparfait(at)gmail.com
3 commentaires:
Je compatis...Agrume m'a envoyé le même que toi il y a quelques années!! (Peut-être a t'il été muté dans ta région depuis?)
Crados à souhait, et l'odeur de chaussettes pourrites couverte un chouilla par l'anis de bon matin...
8h pour installer 1 standard et 3 postes...Il est même revenu le lendemain parce que le poste de MON MINUSCULE bureau sonnait sans raison apparente! Un vrai bonheur...
Humm et tu penses pas que ton poste sonnait uniquement parce qu'il téléphonait sans cesse, afin de faire croire à un soucis et d'avoir une raison de revenir ?:p
Je ne l'avais pas vu sous cet angle...Quel dragueur ce monsieur Clémentine!
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