Le boulot presque parfait de... Champagne Fraise

Je n'ai vraiment pas choisi le boulot que je fais.

Je crois qu'il s'est imposé à moi au fil de mes formations, de ma réflexion personnelle et professionnelle.

Tu fais quoi comme boulot maman, me demandait parfois Petite Bulle lorsqu'elle était plus petite. Je le lui expliquais. Oui mais toi, Tu fabriques quoi alors, me répondait elle déçue.

Non. Je ne fabrique rien, je ne construis rien. Il ne sort de mon usine à gaz aucun produit manufacturé à valeur marchande.

Moi, je passe juste à la machine des petites séquences de bouts de vie.

J'utilise pour cela une méthode simple, un outil spécifique.

Je reçois d'abord, sous pli confidentiel leurs noms, prénoms et autres petits détails qui me disent ce qu'ils font.

Des hommes, des femmes.

J'écoute. Active autour de leurs voix, de l'histoire qu'elles racontent. Je fais attention à leur tonalité, à leur texture, je m'attarde sur une rythme lent ou un débit plus saccadé.

Je les regarde aussi. Leurs mains... fanées, fardées, usées, muettes, liées.

Je suis du bout de mon stylo les arabesques, les suspensions, les diminutions... là où le joint à sauté. Pour.. juste comprendre quand la trame s'est transformée en drame.

Alors méthodiquement on reprend mailles après mailles ce qu'ils ont tricoté avec, avec passion ou parfois à la va vite....avec de la laine de bien mauvaise qualité.

On se dit au revoir puis bonjour... On recommence.

Il y a des petits bouts... d'eux... dont ils ont parfois lâché la main depuis que les leurs ne se joignent plus.

Des Lou, des Anne, des Capucine et quelques Violette... Petites visiteurs invisibles des châteaux en ruines.

Pour eux il faut trouver un nouveau modèle, le moins ouvragé possible. Des grilles simples.

Reprendre, comprendre, pardonner, mettre du cœur à l'ouvrage et passer à autre chose...

On se dit au revoir... Puis je mets en état.

Je me fabrique rien...

Mon boulot est loin d'être parfait...

Je suis un démarieur.


Merci à Champagne Fraise pour sa participation. Vous pouvez la retrouver ici : http://ensemble12.canalblog.com/

Les Working Girls reçoivent le mercredi. Si toi aussi tu veux faire partager ton boulot presque parfait, n'hésite pas à nous en faire part à unboulotpresqueparfait@gmail.com

7 commentaires:

La Pollueuse a dit…
8 septembre 2010 à 10:44

Ohh, ca a l'air triste comme métier... N'y a-t-il jamais une once d'espoir? l'espoir que tout recommence ou celui de repartir vers de nouveaux horizons ou la laine est meilleure?
Comment arrives-tu a rester positive dans ta vraie vie?

L'Epicière a dit…
8 septembre 2010 à 12:34
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Lapunaise a dit…
8 septembre 2010 à 13:54

Moi je dis que c'est triste, mais très bien écrit.

val a dit…
8 septembre 2010 à 14:48

En tout cas, c'est joliment écrit...

Nono05 a dit…
8 septembre 2010 à 16:39

Quel joli texte!
Et quand tu mets "je suis un démarieur", ça me fait penser à "L'Arnacoeur" que j'ai vu récemment et que j'ai bien aimé! Tu l'as vu?!

Champagne a dit…
8 septembre 2010 à 21:30

Oui Nono,
J'ai vu l'Arnacoeur et j'ai trouvé Vanessa tellement jolie dans ce rôle. Oui, c'est vrai son job à lui était de défaire...
Un fois, j'ai rencontré une jeune femme, elle me disait" heureusement que j'ai du travail... J'ai beaucoup mon métier.... elle trouvait dans ce qu'elle faisait une véritable satisfaction... Plus tard j'ai appris qu'elle était Assistante Funéraire, qu'elle travaillait dans l'accueil et la relation, être aux côté des familles dans des moments de vie difficiles était vraiment ce qu'elle aimait faire.

Il y a beaucoup d'espoir quand c'est bien détricoté et qu'il ne reste pas trop de nœud... Et dans la vie, moi, je ne sais pas tricoté !!!

Ava a dit…
10 septembre 2010 à 19:27

J'ai adoré le film : une des premières à le voir ! "démarieur", cela existe vraiment ? j'hallucine !
Je sais que les divorces assurent le "pain quotidien" des avocats.. mais quand même ? Il y a déjà les détectives privés qui suivent ceux ou celles qui peuvent avoir une liaison. Je trouve cela assez sordide.
Pour les métiers dans le côté funéraire, je me suis toujours demandé si cela ne plombait pas l'assistance quand on le révélait en public, et il faut avoir le moral.

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