Le boulot presque parfait de l'agent recenseur

Cette année, j’ai rejoint les rangs des agents recenseurs de ma commune. L’opération terminée, un petit bilan s’avère nécessaire. Déjà cela a permis de remettre personnellement certaines pendules à l’heure, vis-à-vis de son utilité notamment. Moi-même j’ai été recensée il y a cinq ans, comme tout un chacun je m’étais demandée à l’époque à quoi cela pouvait bien servir. Mais en cinq ans, une petite ville comme la mienne, ça bouge, le nombre d’habitants va certainement avoir grimpé (résultats dans quelques mois), savoir donc qui y habite, quel âge ont les habitants, connaître leur mode de transport pour se rendre au travail, le confort du logement, où sont scolarisés les enfants… Tout ces éléments ont leur importance pour prévoir la vie de la ville, et de ses administrés, entre autres.
A côté de l’aspect officiel des choses, j’ai fait ma petite liste du B-A BA du bon agent recenseur, qui peut s’avérer utile pour ceux qui seront amenés à le faire dans le futur, autant que mon expérience serve, hein.
  • Bien apprendre son petit refrain par coeur, car au cours des quatre semaines qui vont suivre, on va le ressortir quelques centaines de fois au moins : « Bonjour, je suis l’agent recenseur sur votre commune, je peux vous remettre les imprimés, etc… » le tout avec un grand sourire et l’air aimable, cela va de soi, même quand ton interlocuteur a une tête de grizzli sorti prématurément de l’hibernation.
  • S’équiper chaudement : quand tu commences ta tournée à 9 h du matin et qu’il fait 2°C dehors, tu oublies le mini-short en jean et les petites boots si jolies mais tellement inconfortables. Et en plus tu pourrais t’attirer des ennuis de la part de certains recensés, tenue décente obligatoire.
  • Toujours se munir de plusieurs stylos, car un crayon qui refuse de commencer sa journée de travail en même temps que toi c’est énervant.
  • S’attendre à des accueils divers et variés (un chapitre entier pourrait y être consacré). Dans ta tournée tu seras amené à croiser tous les niveaux de la population. Il y a la fada du ménage qui entrouvre la porte car elle vient de passer aspirateur et serpillière et ne veut pas que tu salisses. Il y a les retraités que tu déranges à l’heure de « Questions pour un champion » et qui font exprès de ne pas baisser le son de la télé, ce qui t’oblige à crier pour te faire entendre. Il y a le fumeur-accro qui n’a pas du aérer la maison depuis deux jours, le seuil à peine franchi tu te sens défaillir. Il y a la maison tellement en bordel que tu ne sais même pas où t’asseoir quand on te le propose, et finalement tu restes debout. Il y a les enfants qui viennent t’ouvrir et qui ne te disent pas un mot, même pas bonjour, et qui crient en arrière « Mamanananan » pour prévenir que tu es là. Il y a la mère de famille qui limite te passe une gueulante parce que tu as osé sonner et que tu aurais pu réveiller son bébé : en même temps, il est où le post-it pour te demander justement de ne PAS sonner ? Il y a la porte qui s’entrouvre et quand tu mets un pied dans la maison, on te jette dehors à grands cris (véridique). Et le winner toutes catégories : la main passée par-dessus le portail d’un mètre soixante-dix pour prendre tes documents anonymement et pour que tu n’attribues surtout pas un visage à cette main dédaigneuse (re-véridique).
  • Ne pas avoir peur de courir le jour, la nuit tombée, revenir plusieurs fois parce que les gens ont oublié de remplir le questionnaire, qu’ils ne savent plus où ils l’ont mis, qu’ils ne comprennent pas les questions, qu’ils barrent ou encore pire mettent du blanco alors que c’est bien indiqué « Ne pas rayer, ne pas utiliser de correcteur ».
  • Ne pas montrer sa phobie des chiens crasseux qui se jettent sur ta voiture, avec une telle violence que tu n’oses pas en descendre, et surtout ne pas croire le propriétaire qui t’assure : « n’ayez pas peur, il est gentil (ce que contredit parfaitement le regard du chien) et ne vous mordra pas » (ah bon ?) ou pire « elle a encore plus peur que vous ! » (j’suis pas bien sûre de vouloir savoir pourquoi…)
  • Râler (tu peux) ouvertement devant ceux qui te disent « si je ne suis pas là, c’est pas grave, vous reviendrez ».
  • Ne jamais faire confiance à ceux qui te disent promis juré, qu’ils vont déposer eux-mêmes le questionnaire à la mairie, c’est rien que des menteurs.
A côté de ça, il y a quand même quelques bons aspects : la plupart du temps j’ai été très bien accueillie, même si j’ai du boire deux cafés en tout et pour tout (même pas l’apéro, en Bretagne, tu te rends compte ?). J’ai pu constater le nombre de personnes âgées qui vivent seules et sont très contentes de te faire entrer pour causer cinq minutes. Les gens ne sont pas tous des sauvages non plus. Maintenant au moins je connais une partie de ma ville  ! Mais pour la prochaine édition, pas sûre que je postule…


Merci à Covima pour son témoignage qui va certainement motiver de futures vocations... ou pas !
Vous pouvez retrouver cette bretonne pétillante sur son blog http://mamanestenhaut.wordpress.com

N'hésitez pas à nous envoyer un petit message pour nous raconter vous aussi votre boulot presque parfait, sur unboulotpresqueparfait@gmail.com

3 commentaires:

Anonyme a dit…
9 mars 2011 à 16:36

La "Bretonne pétillante" est très flattée d'avoir été choisie pour ce billet du mercredi et vous en remercie :-D Covima

Papillote a dit…
10 mars 2011 à 19:47

j'ai un ami qui a été recenseur et il m'a raconté plein d'anecdotes marantes ! la bande de jeunes qui l'accueille et lui propose un joint, une femme d'âge "mûr" qui lui fait des avances... tu nous raconteras ! :-D

La Consultante a dit…
10 mars 2011 à 20:01

Mais avec plaisir Covima! Tu reviens quand tu veux :)

Papillote : tu m'étonnes, on recense de tout j'imagine....!! :p

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